Exposition interactive|Paléoindien dans les Cantons-de-l'Est

Publié par Francis Bellavance Francis Bellavance, mardi le 1 décembre 2015
Catégorie: Musées

Deux Archéologues du Québec découvrent des sites Paléoindiens dans les Cantons-de-l’Est.

 

Le Vendredi 27 novembre 2015 avait lieu le 16e Forum annuel du réseau Archéo-Québec, au Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke. Les deux archéologues québécois responsables de la découverte d’artefacts paléoindien dans les Cantons-de-l’Est s’y trouvaient. L’un d’eux, Claude Chapdelaine, a présenté une conférence sur les recherches qu’il a menées au site Cliche-Rancourt (Lac aux Araignées, Frontenac) et qui ont permis de découvrir la plus ancienne occupation du Québec, connue à ce jour. Lui et son équipe d’étudiants de l’Université de Montréal ont mis au jour huit ou neuf pointes à cannelure caractéristiques de la culture Clovis (paléoindien ancien). Au dire de l’archéologue, la neuvième pointe aurait cassé au moment de sa fabrication, avant que la cannelure ne soit réalisée par le tailleur de pierre. Les pointes Clovis sont estimées à 12 000 ans avant aujourd’hui. Le site aurait également été occupé au paléo-indien récent (10 000 à 8 000 ans avant aujourd’hui).

Claude Chapdelaine a admis qu’il rêvait de découvrir un site très ancien au Québec. Il semblerait que sa présence dans les Cantons-de-l’Est s’inscrivait dans cette quête, bien qu’il se gardait de l’avouer par souci de paraitre réaliste.

Notre hôte, Éric Grillon, a quant à lui découvert deux autres sites occupés au cours du paléoindien récent, par le plus grand des hasards. Son premier coup de chance a eu lieu au moment où il supervisait un camp d’archéologie mis sur pied par le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke. Les participants devaient fouiller une occupation préhistorique fortement perturbée à Weedon. Or, ces excavations ont mené à la découverte de pointes à enlèvement parallèles de la culture Plano. Sa seconde découverte d’importance a été faite à Brompton, simplement parce que le parent de l’un des jeunes du camp a proposé de réaliser un inventaire pour le Comité du patrimoine local, dont il est membre.

Exposition interactive pour mettre en valeur ces découvertes

 

Afin de mettre en valeur l’ancienneté de l’aventure humaine dans la région, le Musée de la nature et des sciences a mis sur pied une exposition intitulée Clovis, peuple chasseur de caribous. La directrice des expositions, Julie Shaffer, a pris la parole pour souligner les points forts de la nouvelle exposition. En voici quelques-uns :

 

Récupération de vitrines

Les vitrines d’une exposition antérieure sur les colibris ont été récupérées. Étant donné que ces présentoirs étaient hauts en rapport avec l’espace nécessaire pour exposer les pièces archéologiques, les concepteurs ont meublé le fond des présentoirs avec des images qui dépeignent des scènes de la vie, au moment de l’utilisation des objets.

Un autre élément d’intérêt concernant ces présentoirs : les fragments d’artefacts sont complétés en dessins. Il est souvent difficile pour un visiteur de se faire une idée de l’aspect d’un objet ancien, alors qu’il n’en a qu’une partie devant les yeux. Les dessins, en arrière-plan, lui permettent d’en percevoir la forme et les dimensions probables.

 


 

Personnages fantomatiques

Des silhouettes de personnages anciens sont omniprésentes, mais aucun visage ne peut être discerné. En effet, des individus fantomatiques ont été découpés dans un matériau transparent givré (verre ou plexiglas) et positionné au centre d’îlots. D’autres sont projetés de manière diffuse sur les peaux de caribou d’un abri reconstitué. Cela rappelle en quelque sorte les vestiges que retrouvent les archéologues et qui permettent de percevoir comment vivaient les gens, mais sans jamais vraiment les voir. Autrement dit, les hommes, femmes et enfants préhistoriques sont comme des fantômes qui ont laissé des traces de leur passage.

 

 

 

 

 

Des outils de fouilles archéologiques se fondent dans le décor

 

Les concepteurs de l’exposition ont pensé d’inclure dans le mobilier des outils utilisés par les archéologues. Ainsi, on s’étonne de voir des seaux qui servent de présentoir, un tamis utilisé comme module d'exposition et des truelles qui remplacent des poignées de tiroir. Sur le terrain, ces outils servent à creuser minutieusement (truelle), à contenir la terre excavée (seau) et à la séparer des artéfacts (tamis).

 

 

Interactivité

L’exposition est conçue de manière à créer des interactions avec les visiteurs, petits et grands. On peut écouter des capsules audio et vidéo, dans lesquels des spécialistes de l’archéologie partagent leur passion. On peut ouvrir des tiroirs organisés de manière à représenter des couches stratigraphiques. Dans les tiroirs du haut se trouvent des objets plus ou moins récents, tandis que les artefacts les plus anciens sont dans les tiroirs du bas. À un autre endroit, il y a des questions dont les réponses se trouvent sous des rabats que l’on doit soulever.

Un élément d’interactivité particulièrement bien pensé : le casse-tête en forme de pièce bifaciale. Il s’agit d’un casse-tête reproduisant un objet en pierre taillée, trouvé dans les Cantons-de-l’Est. Bien que cet objet soit cassé, seul un fragment manque à l’appel. Le casse-tête est découpé de manière à reproduire les fragments de la pièce originale. Une fois que le visiteur a assemblé les pièces du casse-tête, il appuie sur un bouton et celui-ci se défait automatiquement. Cela évite que le prochain visiteur se retrouve devant un jeu déjà complété.

 

Jeux pour les enfants

Deux jeux permettent d’occuper les enfants, tandis que les parents prennent le temps de lire les panneaux de l’exposition. D’abord, il y a des contenants remplis d’un simili-sable dans lesquels sont cachés des objets. Les jeunes peuvent imiter les archéologues et fouiller dans ces contenants, dans l’espoir de découvrir des vestiges du passé.

L’autre jeu est aussi la pièce centrale de l’exposition.  Il s’agit d’un abri paléoindien en peau de caribou. Puisque nous ignorons tous de leurs habitations, celle-ci a été inspirée des tentes estivales inuites. Or, ce qui est merveilleux, c’est que les enfants peuvent entrer s’y amuser. Ils peuvent ainsi se mettre dans la peau d’un chasseur Clovis.

 

 

Mobilité de l’exposition

L’exposition est conçue pour pouvoir se déplacer. Les artefacts sont fixés solidement sur leur support, avec des broches recouvertes d’une gaine de plastique, pour le transport en camion. Il sera ainsi inutile de ranger chaque artefact dans une boîte, puis de les replacer dans les vitrines, une fois rendu à destination.

De plus, la tente est ignifuge. Elle correspond aux standards de tous les états américains, en matière de prévention des incendies. L’exposition interactive se promènera au Québec et peut-être même aux États-Unis. Puis elle sera installée dans la ville de Lac-Mégantic, pour y demeurer de façon permanente. D’ici là, elle peut être visitée à Sherbrooke jusqu’au 4 janvier 2016.