Histoire de l'architecture religieuse du Québec: de 1760 à 1790
Après la Conquête : années de consolidation.
De 1760 à 1790.
Comme le note le spécialiste Luc Noppen, l’incertitude politique et économique qui suit la Conquête pousse les colons francophones à se replier sur eux-mêmes. « [P]rivée de ressources et de modèles nouveaux, la tradition architecturale se fige pendant près de trente ans. Grâce à ce répit, l'architecture religieuse, déjà fortement adaptée au pays au moment de la Conquête, a vraisemblablement pu conserver et accentuer son caractère français car on se retrouve, au terme de ces trente ans, en présence d'une architecture traditionnelle forte basée sur le Régime français. » (Noppen, 1977, p.63). Ces années de consolidation donneront un caractère permanent à cette architecture. Quand apparaîtront des styles plus à la mode, on assistera non pas au remplacement d’une architecture par une autre, mais à la fusion de la tradition et du renouveau (Noppen, 1977, p.36).
La conservation du cachet français durant cette période est favorisée par la faible immigration anglaise, du moins avant la guerre d’indépendance américaine, et le petit nombre d’architectes anglais présents dans la colonie. La plupart des architectes et ingénieurs français ont toutefois quitté la colonie. Ainsi, ce sera aux artisans de transmettre leur métier et les formes qu’ils connaissent à leurs apprentis. La reproduction des formes connues devient donc la règle, l’innovation devient l’exception (Noppen, 1977, p.29, 35). Malgré son conservatisme, cette période voit l’apparition des sacristies, où le prêtre se prépare à la messe et où l’on conserve plusieurs objets liés au culte (linges, vases sacrés, etc.).
Durant la Conquête, sur 140 églises ou chapelles existantes, 8 sont détruites dont 7 dans la région de Québec; c’est notamment le cas de la cathédrale de Québec qui sera reconstruite en 1771 dans une version moins imposante. Un grand nombre d’édifices ont été touchés par la guerre et nécessitent des réparations. De 1760 à 1790, près d’une quarantaine de nouvelles églises sont érigées et une vingtaine d’autres subissent des travaux de réfection considérables (Noppen, 1977, p.32). Certaines églises deviendront des lieux de culte pour la nouvelle population britannique protestante.
Note
Quatrième billet d'une série de 10 billets sur l'architecture religieuse au Québec. Consultez l'introduction (premier billet) pour accéder à la table des matières.
Médiagraphie
Noppen, Luc. 1977. Les églises du Québec (1600-1850). Collection Loisirs et culture. Éditeur officiel du Québec/Fides. Montréal. 298 pages.