Histoire de l'architecture religieuse du Québec: de 1790 à 1820
Le dix-neuvième siècle : entre tradition et renouveau.
De 1790 à 1820.
Cette période en est une de relative prospérité dans les paroisses, ce qui permet de nouvelles constructions et le parachèvement intérieur de plusieurs églises. L'architecture religieuse connaît un essor prodigieux, une architecture qui évolue toutefois lentement, sous l'impulsion de quelques modèles anglais. Il y aura d'une part les nouveaux modèles, rares mais influents, et d'autre part, l'architecture traditionnelle qui subit ces influences avec réserve. L’Église du Québec, tout en collaborant avec le nouveau régime qui lui assure un certain nombre de prérogatives, conserve une volonté ferme de se modeler sur la France, ce qui entraînera au Québec une valorisation de l’art français d’ancien régime. Toutefois, certains architectes comme François Baillairgé s’intéressent aux courants architecturaux anglais. Le style palladien, très présent dès le XVIIIe siècle en Angleterre, intéressera d’ailleurs Baillairgé et influencera le style traditionnel, surtout à partir de 1820. Ce style est étroitement associé à l’Église anglicane. Il prône la symétrie, l’ordre et l’emploi d’un vocabulaire classique sobre. Une fois adapté à la réalité d’ici, notamment en augmentant la pente de la toiture pour limiter l’accumulation de neige, ce style sera utilisé dans la construction d’églises protestantes, dont la cathédrale anglicane de Québec, construite entre 1799 et 1804. Le gouvernement britannique encouragera même l’immigration d’une main-d’œuvre anglaise et américaine, à l’aise avec les techniques et formes du palladianisme, afin de permettre une meilleure application de ce style (Noppen, 1977, p.38, 39). De façon générale, le palladianisme marquera l’architecture religieuse catholique d’ici surtout au niveau de l’ornementation des façades. Apparaissent notamment des portails en pierre de taille, des frontons et des fenêtres triangulaires. Une autre nouveauté est que de plus en plus d’églises possèdent désormais un portail principal et deux portes latérales en façade, au lieu du seul portail présent auparavant (Noppen, 1977, p.41, 43).
Cathédrale anglicane Holy Trinity de Québec, 1799-1804 Son plan rectangulaire, sans excroissances, et sa façade avec large fronton classique sont des éléments faisant de cette église un exemple du style palladien Source: patrimoine-religieux.com |
Si le palladianisme anglais influence l’architecture extérieure des églises catholiques, ce n’est pas le cas pour les décors intérieurs. Les églises anglicanes ne pouvaient pas servir de modèle sur ce point, le mobilier liturgique et l’ornementation n’étant pas les mêmes dans les églises catholiques et protestantes. La décoration intérieure de cette période demeure donc marquée par l’art d’ancien régime. Le retable, un des principaux éléments de la décoration intérieure des églises catholiques, a souvent une ornementation abondante, chargée, affichant même parfois une certaine exubérance. En fait, la plupart des églises de cette période sont richement décorées. Fait intéressant, la sculpture sur bois demeure importante dans la colonie même si, au même moment en France, elle est presque totalement bannie des églises (Noppen, 1977, p.46).
Note
Cinquième billet d'une série de 10 billets sur l'architecture religieuse au Québec. Consultez l'introduction (premier billet) pour accéder à la table des matières.
Médiagraphie
Monographie
Noppen, Luc. 1977. Les églises du Québec (1600-1850). Collection Loisirs et culture. Éditeur officiel du Québec/Fides. Montréal. 298 pages.