L’Archaïque laurentien (5500 à 4200 A.A.)
L’Archaïque laurentien est une subdivision de l’Archaïque récent (5500 à 3000 A.A.), correspondant à une culture, à une période temporelle (5500 à 4200 A.A.) et à un territoire particulier. Au Québec, ce territoire est la basse vallée du Saint-Laurent. Cette adaptation culturelle a également été observée en Ontario, dans l’état de New York, en Pennsylvanie et au Vermont. Elle correspond à une adaptation au climat doux et à la faune et à la flore abondante des forêts de feuillus qui s’étaient mises en place dans ces régions après la fonte des glaciers. C’est plus ou moins le même climat que nous connaissons aujourd’hui. Les groupes dépendaient de la chasse, de la pêche et de la cueillette pour leur subsistance. La chasse était probablement la principale activité de subsistance. On pouvait compter sur le propulseur (photo du haut) pour augmenter la portée et la puissance des javelots. Par contre, l’emplacement de nombreux sites archéologiques dans des lieux de pêche stratégique (rapides, embouchure de lacs) indique que la pêche occupait également une place importante (Wright, 1980, Ritchie 1994, Tassé, 2000, Plourde, 2006).
Les artéfacts en cuivre sont communs dans plusieurs sites de l’Archaïque laurentien. Or, les gisements de cuivre natif les plus proches se trouvaient dans la région du lac Supérieur. Cette région était pourtant occupée par une tout autre culture : la culture bouclérienne. Il est donc fort probable que les groupes des basses terres entretenaient des rapports commerciaux avec ces gens (Wright, 1980).
L’archaïque laurentien est divisé en trois phases, représentées par des pointes de projectiles diagnostiques : la phase Vergennes (5500 à 5000 A.A.), la phase Vosburg (5000 à 4500 A.A.) et la phase Brewerton (5000 à 4200 A.A.). La phase Vergennes est caractérisée par la pointe Otter Creek : une pointe avec des encoches latérales, un pédoncule carré et une base concave. Les groupes de la phase Vosburg auraient coexisté avec les derniers groupes de la phase Vergennes, puis avec ceux de la phase Brewerton. Leurs pointes (appelée pointe Vosburg) se distinguaient surtout des pointes Brewerton par ses dimensions plus imposantes (Ritchie, 1994, Clermont et Chapdelaine, 1982 et Tassé, 2000).
Quant à la phase Brewerton, elle est connue à partir d’une pointe portant le même nom. Elle a des encoches en coin ou latérales qui accentuent la largeur de la base, ce qui donne l’impression qu’elle a des ailerons. Sa base est droite ou légèrement convexe (Hranicky, 2011). Une pointe trouvée sur la plage du parc national d’Oka laisse penser que c’est au cours de cette phase que le parc aurait accueilli ses premiers visiteurs (Chapdelaine, 1990). Par contre, à une vingtaine de kilomètres (à vol d’oiseau), la Pointe-du-Buisson (Melocheville) a livré des pointes caractéristiques des phases Vergenne et Vosburg.
La pointe du haut est une Otter Creek, tandis que celle du bas est une Brewerton. Les photos proviennent du site www.projectilepoints.net.
Quatrième d’une série de neuf billets sur la préhistoire des basses-terres centrales. La table des matières est accessible depuis l'introduction.
Références
Chapdelaine, Claude, 1990, « Un site du Sylvicole moyen ancien sur la plage d’Oka (BiFm-1) », Recherches amérindiennes au Québec, vol. XX, no. 1, pp. 19 à 35.
Clermont, Norman et Claude Chapdelaine, 1982, Pointe-du-Buisson 4 : quarante siècles d’archives oubliées, Recherches amérindiennes au Québec, Montréal, 170 p.
Hranicky, Jack, 2011, North American Projectile Points, AutorHouse, 548 p.
Plourde, Michel, 2006, Étude sur les sites archéologiques caractéristiques de l’occupation amérindienne du territoire, Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 48 p.
Ritchie, A. William, 1994, The Archaeology of New York State, Revised Edition, Purple Mountain Press, Fleischmanns, New York, 357 p.
Tassé, Gilles, 2000, L’archéologie au Québec, Éditions Fides, 148 p.
Wright, J.V. 1980, La préhistoire du Québec, Musée national de l’Homme, Musées nationaux du Canada, Ottawa, 138 p.