L’Archaïque post-laurentien (4200 – 3000 A.A.)

Publié par Francis Bellavance Francis Bellavance, mercredi le 29 mars 2017
Cas pratique: Plage d'Oka

L’Archaïque post-laurentien (4200 à 3000 A.A.) marque la fin de l’Archaïque récent. Cette subdivision est constituée de deux phases : Lamoka (4200 à 3800 A.A.) et Susquehanna (3800 à 3000 A.A.). Bien qu’il existe une pointe Lamoka, d’autres pointes sont également fabriquées au cours de cette première phase. C’est le cas des pointes Normanskill et Sylvan (Tassé, 2000, Clermont et Chapdelaine, 1982).

Lamoka est une petite pointe avec un pédoncule ou des encoches en coin. Ses épaules forment généralement une légère pente. Normanskill est de taille moyenne et est munie d’encoches en coin saillantes. La pointe Sylvan est également de taille moyenne, mais ses encoches en coin sont mal définies. Aux États-Unis, ces pointes se retrouvent dans les états du Nord-Est et dans les états du centre de l’atlantique (middle Atlantic states). D’ailleurs, leur présence dans la vallée du Saint-Laurent pourrait s’expliquer par une avancée de ces populations vers le nord (Clermont et Chapdelaine, 1982, Ritchie, 1997, Plourde, 2006, Hranicky, 2011).

Au cours de la phase Lamoka, les populations construisent des abris qui semblent être un prototype des maisons longues iroquoiennes. Quelques foyers étaient plus ou moins alignés à l’intérieur de structures pouvant atteindre de 6 à 8 m de long. Ces constructions pouvaient possiblement abriter de 10 à 15 personnes (Clermont et Chapdelaine, 1982, Ritchie, 1994)

La phase Susquehanna est reconnue à partir de la pointe Susquehanna, mais aussi à partir des pointes Geneses et Snook Kill. Les pointes de cette phase sont généralement grandes. La Susquehanna à une large lame triangulaire et un pédoncule étroit. Ses encoches en coin ont une forme variant entre losangique et arrondie. La pointe Genesis a une lame étroite et un pédoncule triangulaire. Quant à la Snook Kill, elle est large avec un pédoncule contracté. Tout comme la Genesis, elle n’a pas d’encoches. En plus de les trouver dans les basses terres du Saint-Laurent, des archéologues en ont également retrouvé en Ontario, en Pennsylvanie, en Nouvelle-Angleterre, dans les États de New York et du Maine. Ces pointes plus récentes laissent supposer que les groupes de l’Archaïque post-laurentien, venus du sud, ont subi l’influence d’autres groupes encore plus méridionaux. Il est également possible que la présence de ces pointes sur notre territoire reflète plutôt un autre mouvement de population (Clermont et Chapdelaine, 1982, Ritchie, 1994, Plourde, 2006, Hranichy, 2011).

La pointe Lamoka en chert qui illustre ce billet a été découverte lors d’un inventaire archéologique au parc national d'Oka (Bellavance 2008).


Cinquième d’une série de neuf billets sur la préhistoire des basses-terres centrales. La table des matières est accessible depuis l'introduction.

Références

Bellavance, Francis, 2008, Inventaire archéologique le long de segments de plage qui devront être stabilisés afin de protéger les rives du lac des Deux Montagnes, Oka. Parc national d’Oka, Oka, 53 p.

Clermont, Norman et Claude Chapdelaine, 1982, Pointe-du-Buisson 4 : quarante siècles d’archives oubliées, Recherches amérindiennes au Québec, Montréal, 170 p.

Hranicky, Jack, 2011, North American Projectile Points, AutorHouse, 548 p.

Plourde, Michel, 2006, Étude sur les sites archéologiques caractéristiques de l’occupation amérindienne du territoire, Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 48 p.

Ritchie, A. William, 1994, The Archaeology of New York State, Revised Edition, Purple Mountain Press, Fleischmanns, New York, 357 p.

Ritchie, A. William, 1997, New York Projectile Points. A Typology and Nomenclature, New York State Museum, bulletin 384, New York, 132 p.

Tassé, Gilles, 2000, L’archéologie au Québec, Éditions Fides, 148 p.