La plaine du Saint-Laurent avant l’arrivée des premiers Amérindiens (80 000 à 12 000 A.A.)
Les Amérindiens devront attendre que les basses-terres centrales deviennent habitables, avant de s’y installer.
La présence d’un glacier, puis l’inondation des terres par la mer de Champlain présentaient des obstacles insurmontables. Les groupes humains pourront occuper des terrasses, près de l’eau, à mesure que la mer se retirera.
La période de temps comprise entre 80 000 et 10 000 A.A. est connue en Amérique du Nord comme étant la glaciation du Wisconsin. Des températures plus froides qu’aujourd’hui ont occasionnées plusieurs avancées glaciaires, chacune étant suivie d’une fonte partielle. Il y a 18 000 ans, la dernière avancée avait atteint son maximum. Il s’en suivit la fonte de l’inlandsis laurentidien, une immense masse de glace qui recouvrait alors le Québec et s’étendait jusqu’aux États-Unis.
Écrasé par le poids du glacier, dont l’épaisseur devait atteindre 2 à 3 km, le socle rocheux (croûte continentale) du Québec s’est affaissé dans le manteau de la terre. En fondant, le glacier a allégé le territoire d’un énorme poids, entrainant sa lente remontée. Au moment où la marge glaciaire se trouvait au nord des basses-terres du Saint-Laurent, l’eau salée de l’océan Atlantique s’infiltrait dans le territoire encore affaissé. C’est ainsi que se sont formées les mers Goldthwait et Champlain.
L’eau salée devait transiter par la mer de Goldthwait, avant d’inonder les Basses-Terres centrales. Cette mer, formée vers 14 000 A.A., recouvrait le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent. Elle joignait la mer de Champlain, à l’ouest, via le détroit de Québec.
Dès 12 500 A.A., la mer de Champlain ennoyait la plaine du Saint-Laurent. Elle était partiellement alimentée par l’eau de fonte du glacier, avec lequel elle était en contact sur sa bordure nord. Cette eau douce se maintenait près de la surface, tandis que l’eau salée provenant de la mer de Goldthwait restait en profondeur. La mer intérieure offrait des conditions environnementales semblables à celles des mers arctiques ou subarctiques actuelles. Des baleines parcouraient ses eaux, tandis que des phoques (ou morses) y poursuivaient le poisson. Ses contours, sa profondeur, sa température et sa salinité ont varié tout au long de ses 3 000 ans d’existence.
Avec le retrait de l’inlandsis, le Québec a poursuivi sa remontée, entrainant le drainage de la mer de Champlain vers l’océan. La remontée semble avoir stagné à diverses altitudes. L’érosion par les vagues aurait alors eu une meilleure emprise sur les bordures du plan d’eau, entaillant des ravines surmontées de plates formes. Ce processus de relèvement de la croûte continentale et d’érosion a formé des terrasses perchées à différentes altitudes, dans la plaine du Saint-Laurent. Vers 10 500 A.A., certaines terrasses seront occupées par les Paléoindiens (premiers Amérindiens du Québec).
Premier d’une série de neuf billets sur la préhistoire des basses-terres centrales. La table des matières est accessible depuis l'introduction.
Références : La carte des mers proglaciaires provient du site du musée de paléontologie et de l’évolution.