Le Sylvicole inférieur (3000 A.A. à 2400 A.A.)

Publié par Francis Bellavance Francis Bellavance, jeudi le 27 avril 2017

Au Québec, le Sylvicole inférieur est principalement associé à une tradition culturelle appelée Meadowood. Une seconde tradition est attribuée à cette période, le Middlesex. Cette seconde culture semble peu présente au Québec. Elle pourrait être contemporaine ou postérieure au Meadowood (Tassé, 2000, Taché, 2010).

Le Meadowood (3000 à 2400 A.A.) est marqué par l’adoption de la poterie, par les groupes de l’Archaïque post-laurentien occupant les basses terres du Saint-Laurent. Les pots (de type Vinette 1) étaient montés avec la technique du colombin, puis la surface était traitée au battoir cordé, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. La paroi de ces vases est épaisse et généralement droite, tandis que le fond est conchoïdal. La lèvre est généralement arrondie, mais il arrive qu’elle soit légèrement aplatie ou pointue. Ce type de poterie n’est pas orné de motifs (Clermont et Chapdelaine, 1982, Ritchie, 1994). La photo d’une poterie de type Vinette 1 qui illustre ce billet est tirée du site du Musée canadien de l’histoire.

Un second élément marquant du Meadowood est l’usage presqu'exclusif du Chert Onondaga pour la fabrication d’outils en pierre taillée. Cette matière proviendrait de l’état de New York ou du sud de l’Ontario. Son usage intensif à travers de vastes territoires témoigne d’un réseau de circulation de biens, d’idées et de personnes dont l’envergure n’avait pas d’équivalent durant l’archaïque. Le chert Onondaga voyageait sous forme de lames de caches. Ces préformes, faciles à transporter, étaient retravaillées au besoin pour fabriquer des pointes, des grattoirs triangulaires, des couteaux, des forets, etc. Ces objets accompagnaient également les gens dans leur voyage dans l’au-delà, puisqu’on les retrouve dans les sépultures.

Le chert Onondaga permettait de tailler diverses pointes caractérisant la tradition Meadowood: les pointes Meadowood, Adena et Fulton turkey-tail (Clermont et Chapdelaine, 1982, Plourde, 2006).

Le chert Onondaga circulait peu parmi les groupes du Middlesex. Par contre, leurs réseaux d’échange favorisaient davantage la circulation du cuivre natif et de coquillages marins (Taché, 2010). Parmi les éléments communs aux deux traditions, notons la fabrication de pierres aviformes, qui auraient pu être utilisées comme poids de propulseurs (Tremblay, 2005).


Septième d’une série de neuf billets sur la préhistoire des basses-terres centrales. La table des matières est accessible depuis l'introduction.

Références

Clermont, Norman et Claude Chapdelaine, 1982, Pointe-du-Buisson 4 : quarante siècles d’archives oubliées, Recherches amérindiennes au Québec, Montréal, 170 p.

Plourde, Michel, 2006, Étude sur les sites archéologiques caractéristiques de l’occupation amérindienne du territoire, Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 48 p.

Ritchie, A. William, 1994, The Archaeology of New York State, Revised Edition, Purple Mountain Press, Fleischmanns, New York, 357 p.

Taché, Karine, 2010, Le Sylvicole inférieur et la participation à la sphère d’interaction Meadowood au Québec, Ministère de la culture, des communications et de la condition féminine du Québec, 136 p.

Tassé, Gilles, 2000, L’archéologie au Québec, Éditions Fides, 148 p.

Tremblay, Roland, 2005, « Un petit soupçon dans la Petite Nation : la découverte d’une pierre aviforme en Outaouais », Archéologiques, Association des archéologues du Québec, numéro 18.