Le Sylvicole moyen (2400 A.A. à 1000 A.A.)
Au Sylvicole moyen, les populations meadowoodiennes réorganisent leurs réseaux d’échanges. Le chert Onondaga n’est plus aussi vastement distribué et les archéologues observent une plus grande variabilité dans la manière de fabriquer les objets, selon les localités. La poterie, toujours façonnée avec des colombins, est maintenant décorée au moyen d’impressions. Ces nouveaux types de vases sont appelés Vinette 2. Ces transformations indiquent l’influence de la culture Pointe Péninsule. Cette culture a marqué le sud du Québec, le sud de l’Ontario et l’état de New York (Tassé, 2000, Clermont et Chapdelaine, 1982).
Cette période est subdivisée en deux épisodes, soit le Sylvicole moyen ancien (2400 à 1500 A.A.) et le Sylvicole moyen tardif (1500 à 1000 A.A.). Le premier épisode est reconnu à partir de poteries principalement décorées d’empreintes ondulantes (pseudo-scallop shell). Ces décorations sont situées sur la paroi extérieure près du bord des poteries, parfois aussi sur la paroi intérieure et même sur la lèvre. La photo de gauche (ci-haut) montre une lèvre et une paroi intérieure, ornées d'empreintes ondulantes. Certaines poteries sont également totalement recouvertes d’impressions, constituant ainsi un champ décoratif. Ces pots ne possèdent jamais de parement, ils ont une ouverture droite ou éversée, un col allongé et faiblement étranglé et un fond conoïdal. Les sites de la Pointe-du-Buisson (Melocheville), du Parc Leamy (Gatineau) et du parc national d’Oka (Oka) ont livré les collections céramiques les plus importantes du Sylvicole moyen ancien, à ce jour. Tandis que la céramique de cet épisode est facile à identifier, les archéologues ont du mal à reconnaître des pointes de projectiles qui en sont diagnostiques (Clermont et Chapdelaine, 1982, Tassé, 2000, Plourde 2006).
Au Sylvicole moyen tardif (ou récent), la décoration des pots diffère. Les archéologues observent d’ailleurs un style régional particulier dans le sud-ouest québécois nommé tradition Melocheville. Ce style est marqué par la popularité des empreintes à la cordelette et des empreintes dentelées. D’ailleurs, ces deux unités décoratives sont présentes selon des fréquences très similaires sur la lèvre et la paroi extérieure du rebord des vases. Cependant, comme le fait remarquer St-Pierre Gate (2006), la cordelette l’emporte sur le dentelé lorsqu’elle est appliquée sur la paroi interne des vases et le dentelé quadrangulaire est beaucoup plus utilisé que la cordelette sur la paroi externe. Cette tradition inclut également des ponctuations formant des bosses sur la paroi intérieure ainsi que l’ajout d’un parement au sommet de certains vases.
L’usage de poteries implique une tendance à limiter les déplacements, car leurs poids et leurs fragilités les rendent difficiles à transporter. Cette tendance semble beaucoup s’accentuer au Sylvicole moyen tardif alors que les groupes, devenus semi-sédentaires, demeurent plus longtemps en bordure de plans d’eau pour y pratiquer une pêche intensive. À la Pointe-du-Buisson, les pêcheurs arrivent sur place pour profiter des frais du printemps et ne quittent qu’en automne (Limoges, 2006, Plourde, 2006).
Le second épisode du Sylvicole moyen est aussi caractérisé par la présence de pointes Jack’s Reef et de petits vases (possiblement des œuvres d’enfants). Les premières pipes coudées en céramique et des pipes à plate-forme (inspirées de la tradition hopewellienne) font leur apparition sur le territoire). Par ailleurs, des pointes Levanna (pointes triangulaires) pourraient être contemporaines de cet épisode au Québec (Clermont et Chapdelaine, 1982, Tremblay, 2006).
Les deux photos ci-haut montrent l’extérieur (à gauche) et l’intérieur (à droite) d’un tesson de poterie du Sylvicole moyen tardif. L’extérieur est orné d’un motif linéaire, de dentelés quadrangulaires et d’impressions à la cordelette. L’intérieur est couvert d’impressions à la cordelette. Les artefacts qui illustrent ce billet proviennent du parc national d’Oka (site BiFm-1).
Huitième d’une série de neuf billets sur la préhistoire des basses-terres centrales. La table des matières est accessible depuis l'introduction.
Références
Clermont, Norman et Claude Chapdelaine, 1982, Pointe-du-Buisson 4 : quarante siècles d’archives oubliées, Recherches amérindiennes au Québec, Montréal, 170 p.
Limoges, Sophie, 2006, Pointe-du-Buisson: un lieu de pêche millénaire, un prélude à l'horticulture, Les Iroquoiens du Saint-Laurent, peuple du maïs, Les éditions de l'homme, Montréal, pp. 24-25.
Plourde, Michel, 2006, Étude sur les sites archéologiques caractéristiques de l’occupation amérindienne du territoire, Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 48 p.
St-Pierre Gate, Christian, 2006, Potières du Buisson. La céramique de tradition Melocheville sur le site Hector-Trudel, Collection Mercure, Archéologie numéro 168, Musée des civilisations, 319 p.
Tassé, Gilles, 2000, L’archéologie au Québec, Éditions Fides, 148 p.
Tremblay, Roland, 2006, Les Iroquoiens du Saint-Laurent, peuple du maïs, Les éditions de l'homme, Montréal, 139 p.