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Pierres de Ballaste dans un contexte archéologique à Montréal
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Pierres de Ballaste dans un contexte archéologique à Montréal

Publié par Francis Bellavance Francis Bellavance, vendredi le 8 novembre 2024
Catégorie: Cas pratiques

Nous avons mené un inventaire archéologique devant le pavillon des arts de l'université McGill (ce pavillon a été complété en 1843). L’intervention a permis la découverte de pierres de lest (ou pierres de ballast) dans l'épais dépôt de sable qui supporte l'allée centrale. Le sable avait été mis à cet endroit pour créer une pente qui permet de monter vers le pavillon, sis sur le piémont du Mont-Royal.

D'autres pierres de ballast se trouvaient dans des couches récentes, au-dessus du banc de sable. Cela semble s'expliquer par les multiples réfections de la pente. 

Entre le XVe et le XIXe siècle, on chargeait des pierres et du sable dans les navires en bois, alors qu'ils étaient vides. Cela permettait de les alourdir, pour faciliter la navigation. Arrivé au port, ce ballast était abandonné, pour faire place aux marchandises. De nos jours, c'est l'eau qui joue le rôle de stabilisateur, dans les bateaux à coque d'acier. 

Le silex est une pierre qui était communément utilisée pour lester les bateaux en provenance d'Europe. Les nodules de silex pouvaient être abandonnés sur des plages, à proximité du port d'arrivée. D'ailleurs, un article rédigé en 1987 par Dionne détaille la découverte de nodules de silex, sur les deux rives du Saint-Laurent, à proximité de Québec. La majorité des nodules étaient de couleur ambrée ou jaunâtre. Ils ont été attribués aux formations crayeuses de la Manche (Angleterre ou France). 

Le lien apparent entre le sable et le silex fait penser à un prélèvement sur une plage de la région montréalaise. Cependant, il paraît plus probable que le sable provienne de bateaux qui ont fait escale au port de Montréal. En effet, la distance parcourue pour l'approvisionnement en sable paraît moindre, dans cette seconde alternative. 

Un article écrit par Gaurier (2021) nous apprend que les bateaux s’approvisionnaient en sable sur les plages et qu'ils ont longtemps délesté près des ports. Cela posait d'ailleurs de nombreux problèmes, de sorte que cette pratique a dû être réglementée. Le sable de lest était embarqué et débarqué dans des sacs. À destination, les sacs pouvaient être entreposés, avant d'être vendus. 

À la lumière de cet article, on peut supposer que le sable a été ramassé sur une plage européenne, sur laquelle se trouvaient des pierres de ballast, déversées antérieurement. Une fois le bateau arrivé au port de Montréal, les sacs de sable ont pu être achetés pour aménager la voie d'accès de l'université.

Pierre de ballast en silex de couleur caramel avec des cassures conchoïdales

Intérieur d’une pierre de ballast. On observe des lignes concentriques qui suivent le contour de la cavité dans laquelle le silex s’est formé. De l’eau se trouvait dans la cavité avant de s’écouler en laissant une bande de silice. Cela a été répété sur une longue période, créant une succession de couches.

 


RÉFRENCES

Gaurier, Dominique, 2021 « Ballast, lestage et délestage dans l’ordonnance de la marine d’août 1681 », Revue d’histoire maritime no, 29, Sorbonne Université Presses, p. 63 à 76

Dionne, Jean-Claude, 1987, « Silex européen d’âge crétacé dans la région de Québec », Cahier de géographie du Québec, Département de géographie de l’Université Laval, volume 31, numéro 87, p. 69 à 79